Mylène de Repentigny-Corbeil
Candidate à la maîtrise en communication, Université du Québec à Montréal
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Mon projet de mémoire porte sur les discriminations perçues et vécues par les membres de la communauté LGBTQ+ d’origine marocaine à Montréal, mobilisant un cadre théorique basé sur l’intersectionnalité et les études queer. Ces dernières ont notamment été théorisées à partir de mouvements militants, revendiquant la nécessité des points de vue situés, soit la mise en valeur et la légitimité académique de l’expérience vécue, ainsi que l’importance de la prise de parole par les personnes directement affectées par le sujet traité (Calhoun, Craig, 2002). En effet, plusieurs auteur.e.s associent la conceptualisation de l’intersectionnalité au mouvement du Black feminism aux États-Unis (Harper et Kurtzman, 2014) et les études queer aux mouvements militants en Amérique du Nord lors de l’épidémie du VIH dans les années 1980 et 1990 (Browne et Nash, 2016). Ainsi, mobiliser ce cadre théorique et travailler sur un objet externe à ma réalité engendrent plusieurs questionnements éthiques et épistémologiques. Comment mener ma recherche en communication interculturelle sans m’approprier les luttes et les discours des Marocain.e.s membres de la communauté LGBTQ+ à Montréal et renforcer mes privilèges liés à ma blanchité ? Cet article revient sur ces questionnements et aborde la démarche méthodologique adoptée afin de prendre en considération ce positionnement externe vis-à-vis de mon objet de recherche et adopter une posture réflexive. J’aborderai les cadres théorique et méthodologique de mon mémoire, ainsi que l’importance de la reconnaissance des privilèges et du positionnement des chercheur.e.s. en plus de ses effets sur ma méthodologie.
Mots clés
Intersectionnalité, blanchité, études queer, communication interculturelle, éthique en recherche
Introduction
Les membres de la communauté LGBTQ+ immigrant.e.s au Canada font face à des enjeux socioculturels spécifiques en raison, notamment, de leur identité ethnoculturelle, sexuelle et religieuse (El Hage et Jin Lee, 2015 ; 2016). À l’intersection de différentes communautés, les Marocain.e.s vivent et perçoivent plusieurs discriminations découlant de conjonctures tant historiques que sociales et politiques. Les législations en place au Maroc, criminalisant les rapports homosexuels (Ministère de La Justice et des Libertés, 2011) et l’interprétation majoritaire de l’Islam condamnant l’homosexualité (Jaspal et Cinnirella, 2012) affectent tant les parcours migratoires que les vécus dans le pays d’origine et le pays d’accueil. Également, les identités plurielles de ces individus engendrent des discriminations intersectionnelles, notamment liée à leur origine ethnoculturelle, leur foi, leur identité de genre et leur orientation sexuelle. Pris entre des impératifs sociaux tant hétéronormatifs qu’homonormatifs (Amari, 2012 p.63), les Marocain.e.s membres de la communauté LGBTQ+ se retrouvent à l’intersection de discriminations multiples tant au sein des structures politico-juridiques canadiennes et québécoises qu’au sein des associations et lieux de solidarité communautaires (Munro et al, 2013). En effet, ces discriminations peuvent être directes, indirectes ou systémiques[1].
Ces constats, issus de la littérature sur le sujet, constituent le cœur de mon mémoire de maitrise. En effet, dans le cadre de ma recherche, jeopose une analyse qualitative des discriminations multiples perçues et vécues par les Marocain.e.s membres de la communauté LGBTQ+ à Montréal ainsi que des négociations identitaires qu’engendrent ces discriminations. Je tente de répondre à la question suivante : « Quelles sont les discriminations liées aux dimensions ethnoculturelle, religieuse et sexuelle perçues et vécues par les Marocain.e.s montréalais.es de première génération d’immigration membres de la communauté LGBTQ+ et comment se traduisent-elles dans leurs négociations identitaires ? ». À cette fin, j’ai choisi de mobiliser un cadre théorique pluriel, basé sur les théories critiques de la communication interculturelle, l’intersectionnalité et les études queer.
Toutefois, mon positionnement externe à mon objet de recherche, n’étant ni Marocaine ni immigrante, engendre plusieurs réflexions et questionnements : comment mener une recherche en communication interculturelle sans m’approprier les luttes et les discours des Marocain.e.s membres de la communauté LGBTQ+ à Montréal et renforcer mes privilèges liés à ma blanchité ? Est-il nécessaire, pour pouvoir étudier les inégalités et les discriminations, d’avoir fait l’expérience de ces dernières ? Est-ce que l’homoethnicité dans la recherche est essentiel ? Est-il légitime de ne parler que pour des groupes dont nous sommes membres, comme se le demande Linda Alcoff (1991) ? De ce fait, renoncerions-nous alors à notre responsabilité politique de dénonciation des oppressions, responsabilité découlant du fait même de nos privilèges (Alcoff, 1991) ? Cet article présente le cadre méthodologique de mon projet de mémoire et les questionnements éthiques liés à mon positionnement de chercheure blanche en communication interculturelle. Je ne vise donc pas à apporter des solutions à des problèmes concrets, mais plutôt à soulever un certain nombre de défis rencontrés tout au long de mon cheminement académique et à présenter des pistes de réflexion qui m’ont aidé à les relever.
En effet, afin de ne pas parler « au nom de » et de reconnaître mes privilèges, il m’a fallu faire face à plusieurs dilemmes éthiques et réfléchir à la question des positionnements épistémologiques. Cet article revient sur ces questionnements et aborde la démarche méthodologique adoptée afin de prendre en considération ce positionnement externe vis-à-vis de mon objet de recherche. J’aborderai, en premier lieu, le cadre théorique adopté dans le cadre de mon mémoire, basé sur les théories de la communication interculturelle, de l’intersectionnalité et des études queer, et mon cadre méthodologique qualitatif basé sur des entretiens semi-dirigés. Par la suite, je présenterai l’importance de la reconnaissance des privilèges et du positionnement des chercheur.e.s et des effets de cette reconnaissance sur la méthodologie de mon mémoire. Pour ce faire, il m’apparait nécessaire d’écrire ce texte à la première personne puisque ces réflexions et prises de position me sont propres. Ainsi, il semble essentiel, vu le sujet traité et le cadre théorique proposé, issu de la standpoint theory, d’aborder ces problématiques en mobilisant mon expérience personnelle.
I. Étudier les discriminations perçues et vécues par les membres de la communauté LGBTQ+ d’origine marocaine à Montréal
Dans le cas des Marocain.e.s membres de la communauté LGBTQ+, la communication interculturelle engendre potentiellement des discriminations multiples – visant, notamment, leurs origines ethnoculturelles, leur identité de genre et leur orientation sexuelle – et influencent les rapports interpersonnels entre ceux/celles-ci et les individus de leur entourage, que ce soit au sein de leurs communautés ou dans la société d’accueil. Selon Halualani et Nakayama (2013), les questions de pouvoir, contextuelles, socio-économiques et historiques façonnent les cultures et la communication interculturelle dans ses rencontres, ses relations et ses contextes. En effet, les communications entre les individus sont régies par des conjonctures politiques, historiques, sociales et culturelles qui engendrent des positionnements hiérarchisés et inégaux. Ainsi, ces interactions ne sont pas neutres et sont influencées par des dynamiques de pouvoir qui affectent les discours et les relations interpersonnelles. En effet, selon Alcoff (1991), les relations de pouvoir, de domination, d’exploitation et de subordination sont de nature politique. Elles influencent nos communications, nos interactions, nos attitudes et nos perceptions de l’Autre. Cela engendre une catégorisation des individus, influençant nos communications interculturelles, puisque « nous avons tendance à percevoir les autres à travers leur catégorie d’appartenance et à leur attribuer des caractéristiques associées à cette catégorie » (Lipiansky, 2003 p.272). Un biais social et culturel s’inscrit, ainsi, dans les rapports entre les individus et les communications interculturelles, basé sur des conceptions parfois stéréotypées, sinon prédéfinies par les personnes concernées. Cette catégorisation produit trois effets, selon Lipiansky : un effet de contraste « qui tend à accentuer les différences entre les nationalités », un effet de stéréotypie « qui conduit à percevoir un étranger à travers des représentations sociales toutes faites portées par la culture d’appartenance et à penser que tous les ressortissants d’une même nationalité correspondent à ces représentations » et un effet d’assimilation « qui amène à accentuer les ressemblances entre les individus de même nationalité » (Idem). La communication interculturelle implique ainsi le passé, le présent, le réel, l’imaginaire, l’objectivité et la subjectivité (Idem). Ainsi, dans le cadre de mon mémoire, j’utilise un cadre théorique qui porte une attention particulière aux communications interculturelles menant à des discriminations multiples et des systèmes d’oppressions au sein de nos sociétés, notamment québécoise et canadienne.
De plus, le concept d’intersectionnalité sera utilisé à des fins d’analyse et de compréhension des discriminations perçues et vécues par les membres marocain.e.s de la communauté LGBTQ+.
L’intersectionnalité s’est imposée depuis les années 1990 au sein des études féministes en mettant de l’avant les diverses formes d’exclusion et de résistance face aux oppressions (Evans, 2011). Développé aux États-Unis grâce à des théoriciennes féministes telles que Patricia Hill Collins et Kimberlé Crenshaw, ce concept permet de répondre aux problématiques de « justice distributive, de pouvoir et de gouvernement » (Bilge, 2009 p.72). Certain.e.s conçoivent l’intersectionnalité en tant que théorie, tandis que d’autres l’appréhendent en tant qu’outil ou concept heuristique (Davis, 2011). D’autres, encore, utilisent l’intersectionnalité en tant que stratégie de lecture dans l’analyse féministe de situations, concepts et constructions sociales (Davis, 2011). L’intersectionnalité peut donc servir d’outil théorique et méthodologique, aider à comprendre les relations complexes entre minorités et majorités, entre défavorisés et privilégiés, et mettre en lumière les diverses formes d’oppression au sein des sociétés (Lutz, Herrera Vivar et Supik, 2011). Certain.e.s chercheur.e.s conçoivent également l’intersectionnalité en tant que politique sociale ou engagement politique, mettant de l’avant la diversité de l’expérience humaine (Evans, 2011), sa nature multidimensionnelle et la complexité des expériences humaines (Lutz, Herrera Vivar et Supik, 2011). À ce titre, l’intersectionnalité me servira d’outil théorique et méthodologique afin de m’aider à comprendre les relations complexes entre minorités et majorités, entre défavorisées et privilégiées (Lutz, Herrera Vivar et Supik, 2011), et mettre en lumière les diverses formes de discriminations perçues et vécues.
L’approche intersectionnelle a notamment permis de prendre en considération les multiples relations de pouvoir telles que celles liées aux inégalités socioculturelles et économiques ainsi que celles fondées sur le genre et l’orientation sexuelle. C’est dans cette optique que Leslie McCall et Anne-Marie Hancock proposent une compréhension de l’intersectionnalité dans une approche globale plus dynamique et institutionnelle (Marx Ferree, 2011). Elles conçoivent l’intersectionnalité non pas en points d’intersection, mais en tant que dimensions dynamiques, en changement et mutuellement construites (Marx Ferree, 2011). Cela rappelle les écrits de Lubhéid et Cantú (2005) qui affirment que l’analyse intersectionnelle permet de comprendre comment la sexualité est impliquée dans des relations de pouvoir, de domination et de résistance dans un contexte migratoire. Dans le cadre de mon mémoire, cette approche de l’intersectionnalité me permet d’appréhender la parenté et la sexualité en tant que sources de relations sociales et économiques et d’étudier les effets des différentes identités de sexe et de genre sur les perceptions et les vécus des Marocain.e.s membres de la communauté LGBTQ+ à Montréal.
Dans cette compréhension plurielle des diverses formes d’oppression et de discrimination, mon mémoire utilisera également un cadre théorique issu des théories queer. Cette utilisation théorique des études queer et de l’intersectionnalité, qui s’arrime à un courant de recherche de plus en plus rependu, me permettra d’allier les concepts et constats des deux traditions théoriques à des fins de compréhension et d’analyse. Le terme queer, compris à sa base en tant qu’insulte dirigée envers les minorités sexuelles signifiant « étrange », « bizarre » (Ahmed, 2017), fût repris par la suite dans le cadre d’un processus d’« empowerment », d’agentivité et de reprise du pouvoir. Il peut être défini comme suit : « unclear, fluid and multiple » (Browne et Nash, 2016, p.7). Les études queer se retrouvent à l’intersection de plusieurs champs de recherche et n’ont aucune définition universelle – ce qui est non sans rappeler le mot queer en lui-même. Ainsi, les études queer peuvent s’ancrer dans divers cadres conceptuels qui déconstruisent les postulats naturalisés et étudient les relations de pouvoir qui en résultent (Browne et Nash, 2016, p.4). Elles remettent en cause l’ordre social normatif des identités et des subjectivités liées à la binarité hétérosexuel / homosexuel, ainsi que l’hétérosexualité comme « naturelle » et normative (Browne et Nash, 2016, p.5). Ainsi, elles me permettront, dans le cadre de mon mémoire, d’envisager les questions de genres et d’orientations sexuelles des Marocain.e.s de première génération à Montréal en tant qu’ « affaire complexe de construction culturelle » (Butler, 2003, p.94), sujette à des négociations identitaires.
La migration queer est souvent perçue et construite autour d’un mouvement allant de la répression à la liberté, ou évoquant un voyage « héroïque » dans l’espoir et la quête d’une libération (Luibhéid et Cantú, 2005). Selon Nasima Moujoud (2011), cette vision est également utilisée dans l’analyse de la migration féminine vers l’Occident :
delà mène à oublier que les migrantes (défavorisées du Sud) ne parviennent à une certaine autonomie que dans les limites où leurs luttes leur permettent de manipuler les contraintes sur les deux fronts de leur parcours migratoire, d’abord pour partir (donc pour fuir) et puis pour lutter (donc pour rester et peut-être s’émanciper) (Moujoud, 2011 p.9)
En effet, ce paradigme évolutionniste (Moujoud, 2011) crée une binarité modernité/tradition développée à travers des stéréotypes et une compréhension simplificatrice de la migration. Leurs subjectivités et histoires respectives sont représentées grâce à des compréhensions coloniales, racistes et sexistes des cultures et des identités (Luibhéid et Cantú, 2005). L’évolution des normes de la masculinité est alors uniquement liée aux droits humains universels qui ont été, a priori, énoncés par des autorités externes et qui cherchent, parfois, à les imposer ou à justifier des pratiques néocoloniales. Ces compréhensions coloniales énoncés par Luibhéid et Cantú rappellent le concept d’homonationalisme de Jasbir Puar, qui trouve comme fondements l’exceptionnalisme sexuel nord-américain, la normalisation du queer et le renforcement de la blanchité (Puar, 2012). Le concept, collusion entre homosexualité et nationalisme, est « aussi bien [généré] par les sujets gays, lesbiens et queers eux-mêmes que par la rhétorique de l’inclusion patriotique dans la nation » (Puar, 2012, p.10). Aux États-Unis, cela se manifeste par un double mouvement au sein des récits homonormatifs de la nation, soit une approbation sélective et spécifique de l’homosexualité – excluant, notamment, les questions ethnoculturelles et de classe – et la production de figures publiques assimilant l’homosexuel au terroriste (Puar, 2012, p.19). Ainsi, dans le cadre de mon mémoire, les théories queer sont utilisées afin de souligner le fait que de nombreuses sexualités ont été historiquement formées à partir d’épistémologiques hétéronormatives et cisgenres, en plus de mobiliser des schèmes de pensée colonialistes, xénophobes, racistes et sexistes (Luibhéid et Cantú, 2005).
Finalement, la démarche méthodologique adoptée dans le cadre de mon projet de mémoire prendra en compte une perspective de genres et d’orientations sexuelles. À ce titre, des entretiens semi-dirigés sont présentement effectués avec des membres marocain.e.s de la communauté LGBTQ+ à Montréal, jusqu’à saturation du contenu. Ces entretiens semi-dirigés sont articulés de manière à laisser le ou la participant.e « libre d’aborder d’autres aspects du sujet, dans l’ordre qui lui convient » (Mongeau, 2008, p.94) en plus des questions déjà établies dans notre grille d’entretien. Ils donneront une voix significative aux personnes vivant directement les discriminations étudiées, offrant la souplesse nécessaire à l’articulation des perceptions et vécus des Marocain.e.s membres de la communauté LGBTQ+. Bien que mes grilles d’entrevue soient élaborées en fonction des thématiques qui m’interpellent dans ce projet, je resterai attentive aux divers commentaires pouvant ressortir des réflexions que les entretiens susciteront. À ce propos, je questionnerai, à la fin de l’entretien, les personnes interviewées sur les possibles ajustements, ajouts, commentaires, conseils et autres sujets importants qui auraient pu m’échapper. Les entretiens se feront dans la langue de préférence de la personne interviewée, soit en français, en anglais ou en dialecte marocain (darija) afin de permettre aux participant.e.s de s’exprimer dans la langue qui leur convient, de mobiliser des expressions propres à leur réalité et d’éviter la déformation de propos liée à la barrière de la langue.
II. Reconnaissance des privilèges
Dans un court article, Arlene Sgoutas (2013) mentionne l’importance d’aborder les notions de privilège dans les études et l’enseignement féministes. Elle indique que les défis et les risques liés à la prise de conscience des étudiant.e.s quant à leur positionnement social et à leurs privilèges démontrent qu’une seule approche ou théorie n’est pas suffisante. Il s’avère ainsi, selon elle, nécessaire d’explorer plusieurs concepts et théories issues des études féministes afin d’en comprendre le portrait global. Elle débute son cours en demandant à ses étudiant.e.s de se questionner sur leur position et leurs privilèges puisque ces derniers peuvent avoir des effets sur leurs recherches et leur approche vis-à-vis du sujet. Elle leur pose alors la question suivante : « What is your responsibility when you do research in other areas given your positionality? » (Sgoutas, 2013, p.249). Elle leur demande alors de réfléchir sur leur situation socioéconomique et les privilèges dont ils bénéficient, via plusieurs travaux et journaux de bords épistémologiques. Leurs recherches doivent refléter leurs zones d’ombre, leurs compréhensions et leurs positionnements. À la lecture de cet article, plusieurs réflexions ont émergé et ont influencé mes recherches. En effet, un désir de représenter, au meilleur de mes capacités, non seulement les réalités les membres de la communauté LGBTQ+ d’origine marocaine à Montréal, mais également leurs discours, leurs communications et leurs perceptions s’est matérialisé.
Ainsi, en tant que chercheure, il s’est avéré nécessaire de me poser des questions sur moi-même, sur mon identité, sur mes privilèges et sur mon positionnement. À ce titre, Sgoutas (2013) propose de réaliser un exercice qu’elle nomme « Identity wheel », soit la mise à l’écrit d’un schéma identitaire propre à chacun.e. Cette méthode rappelle les écrits d’Alcoff (1991) mentionnant l’importance de ne pas effacer le soi lors d’une recherche portant sur une communauté autre que celle d’appartenance. En raison de l’impossibilité de neutralité, il s’avère important, selon l’auteure, d’identifier ce qui influence, ce qui régit et ce qui affecte nos perceptions, nos comportements et nos compréhensions des dynamiques sociales. Ainsi, dans le cadre de ma démarche de recherche, cela m’a amené à reconnaître et à énoncer, de manière transparente, mes questionnements, mes réalités et mon positionnement tout en proposant une méthode de recherche qualitative basée sur des entretiens semi-dirigés.
III. Reconnaissance du positionnement
L’approche intersectionnelle des études féministes et les études queer ont notamment été théorisées dans le cadre de mouvements militants. En effet, plusieur.es auteur.e.s associent la conceptualisation de l’intersectionnalité au mouvement du Black feminism aux États-Unis (Harper et Kurtzman, 2014) et les études queer aux mouvements militants en Amérique du Nord lors de l’épidémie du VIH dans les années 1980 et 1990 (Browne et Nash, 2016). Ainsi, les théories s’en inspirant revendiquent, pour la plupart, la nécessité des points de vue situés, soit la mise en valeur et la légitimité de l’expérience vécue, ainsi que l’importance de la prise de parole par les personnes directement affectées par le sujet traité (Calhoun, Craig, 2002). En travaillant sur les discriminations et les négociations identitaires des Marocain.e.s membres de la communauté LGBTQ+, je me suis posée plusieurs questions éthiques liés à ma légitimité de chercheure à prendre la parole quant au sujet traité. En effet, n’étant pas Marocaine et n’étant pas susceptible de vivre des discriminations sur la base de mon origine ethnoculturelle à Montréal, cette recherche peut s’avérer biaisée par mon incapacité à vivre les réalités des Marocain.e.s membres de la communauté LGBTQ+. De plus, il m’est impossible de vivre l’ensemble des problématiques et enjeux spécifiques aux diverses identités de genre et orientations sexuelles de cette communauté. Il s’avère ainsi pertinent, si ce n’est nécessaire, de prendre en compte mon positionnement et les effets de ce dernier sur mon objet de recherche et les participant.e.s à ma recherche.
Toutefois, le positionnement n’est pas un élément fixe et intangible, et peut être changé et modifié à travers le temps et suite aux diverses expériences et rencontres : « to say that location bears on meaning and truth is not the same as saying that location determines meaning and truth » » (Alcoff, 1991, p.16). En effet, Linda Alcoff (1991) indique que la localisation et le positionnement ne doivent pas être conçus et compris en tant qu’éléments fixes et enclavés, mais plutôt dans leur multiplicité et leur mobilité. De plus, selon elle, la neutralité des mots et des communications est une utopie, en ce sens où ils affectent et influencent inévitablement les compréhensions et les perceptions des autres. Il n’existe, ainsi, aucun moyen d’identifier une limite, une frontière entre le positionnement de l’un.e et de l’Autre. Même si le ou la chercheur.e propose des mises en garde liées à son positionnement externe, il et elle affectera toujours la capacité de l’Autre à conceptualiser et à interpréter son expérience (Alcoff, 1991). Elle met également en garde l’adoption d’une méthode uniquement orientée vers le soi, puisque l’impression d’être à « l’abri » de la critique peut alors émerger, offrant une perception, fausse, d’immunité : « In some cases perhaps the motivation is not so much to avoid criticism as to avoid errors, and the person believes that the only way to avoid errors is to avoid all speaking for others. However, errors are unavoidable in theoretical inquiry as well as political struggle » (Alcoff, 1991, p.22). Toutefois, il s’avère nécessaire pour toute personne désirant parler « pour » les autres de ne le faire qu’à partir d’une analyse profonde des relations de pouvoir et des effets discursifs impliqués (Alcoff, 1991). Ainsi, dans le cadre de mon mémoire, je me dois de porter une attention particulière à mon rôle et mon positionnement, aux participant.e.s à ma recherche et aux réalités étudiées, en plus d’être attentive aux personnes qui entendront mon message et liront mes travaux. Également, en raison de sa mobilité, mon positionnement doit continuellement et constamment être remis en question et resitué.
IV. Effets sur ma méthodologie
Ma démarche réflexive et mon cadre méthodologique s’ancrent, ainsi, dans une volonté de privilégier les vécus des Marocain.e.s membres de la communauté LGBTQ+ à Montréal et non uniquement ma propre analyse issue de la littérature sur le sujet. En effet, bien que ma problématique et mon cadre théorique aient été formulés grâce à la littérature scientifique sur le sujet, les résultats de ma recherche seront le fruit des témoignages personnels et individuels des participant.e.s lors des entretiens semi-dirigés. Également, j’ai porté une attention particulière aux sources issues de cette littérature, mobilisant des auteur.e.s pour la plupart racisé.e.s et ayant entrepris une démarche issue de la standpoint theory. En effet, les auteurs auxquels je fais référence dans mon mémoire ont, pour la plupart, procédé à des entretiens individuels avec des personnes directement liées aux réalités étudiées. Ainsi, tant au niveau de ma problématique, de mon cadre théorique et de ma démarche méthodologique, j’ai tenté de pallier cette méconnaissance des discriminations perçues et vécues à titre personnel, de reconnaître mes privilèges liés à ma couleur de peau et à mon origine ethnoculturelle et d’écrire « avec » plutôt que « sur » (Sultana, 2007) les personnes vivant ces discriminations.
Vatz Laaroussi, Lessard, Montejo et Viana (1995) indiquent l’importance de « parler des femmes comme sujets et non comme objets de recherche (Vatz Laaroussi, Lessard, Montejo et Viana, 1995, p.33). Elles proposent diverses méthodes à inclure dans une démarche de recherche, afin de « permettre la connaissance et l’appropriation des instruments de cueillette des données par l’échange entre et avec les intervieweuses aux diverses étapes de la recherche » (Vatz Laaroussi, Lessard, Montejo et Viana, 1995, p.37). Selon elles, il est nécessaire de rester à l’écoute des participant.e.s afin d’ajuster les instruments de recherche. Ainsi, dans mon mémoire, bien que mes grilles d’entrevue soient élaborées en fonction des thématiques qui m’interpellent dans ce projet, je reste attentive aux divers commentaires pouvant ressortir des réflexions que les entretiens suscitent. Dans le cadre de mes entretiens semi-dirigés, je m’abstiens ainsi de « toute intervention directive qui introduise dans le champ d’expérience de l’interlocuteur une structure (manière de percevoir, valeur, but) et donc n’intervenir que pour augmenter l’information de cet interlocuteur sur sa propre activité mentale » (Mucchielli, 2009, p.122-123). De plus, je questionne, à la fin de l’entretien, les personnes interviewées sur les possibles ajustement, ajouts, commentaires, conseils et autres sujets importants qui auraient pu m’échapper.
De plus, lors des entretiens, j’aspire également à faire ressortir, à reconnaitre et à articuler les discriminations perçues et vécues, sans toutefois nier l’agentivité des personnes interviewées. L’agentivité peut être défini comme suit : « la capacité d’agir de façon compétente, raisonnée, consciencieuse et réfléchie » (Smette, Stefansen et Mossige 2009, p.370). Elle sous-tend à la fois des actions, puisque les individus sont agents ou agentes de leurs propres actions, mais aussi des responsabilités, une reconnaissance de l’agentivité des autres. Ainsi, bien qu’il s’avère nécessaire de nommer et prendre conscience des constructions sociales, politiques et juridiques discriminatoires envers les personnes migrantes, il est nécessaire de ne pas adopter pour autant une lentille « misérabiliste » qui nierait et rejetterait leur agentivité. En effet, brosser le portrait des vécus et perceptions des membres marocain.e.s de la communauté LGBTQ+ uniquement dans une optique d’énonciation des discriminations et vulnérabilités reviendrait à adopter une posture patriarcale et renforcerait les structures de pouvoir et de dépendance. En effet, tel que le mentionne Sandrine Ricci,
une vision exclusivement concentrée sur les difficultés des femmes des minorités, peu ou prou envisagées globalement comme « à problème », peut conduire à privilégier des pratiques d’assistance aux dépens de mesures préventives globales et d’une analyse plus politique des enjeux convoqués par ces inégalités structurelles et par l’intrication des rapports de pouvoir (Ricci, 2015, p.187).
Il est donc nécessaire, tel que postulé par Sara Ahmed (2017), d’énoncer non seulement les contraintes et pressions issues du système sexe/genre, mais également la créativité des femmes pour survivre à un système patriarcal et raciste. En ce sens, ne réduire les réalités de ces personnes qu’à leur vulnérabilité s’avère incohérent avec les fondements mêmes de l’intersectionnalité. Une approche intersectionnelle se doit, ainsi, d’appréhender le genre et la sexualité en tant que constructions culturelles qui sont sources de relations sociales et d’articuler les discriminations vécues tout en n’occultant pas l’agentivité de ces femmes. En effet, tel que le mentionne Sara Ahmed (2017), le postulat de fragilité qui peut être apposé à ces femmes peut les rendre encore plus fragiles et les vulnérabiliser davantage.
Pour les femmes musulmanes, cette rhétorique peut engendrer des conséquences néfastes tangibles puisque ce stéréotype leur est particulièrement attitré. En effet, selon Sherene Razack, trois figures seraient emblématiques du discours de justification de marginalisation des musulman.e.s, soit l’homme musulman dangereux, la femme musulmane menacée et l’Européen civilisé qui « permet de définir les deux autres par contraste » (Antonius, 2008, p.17). Les femmes musulmanes seraient donc des « victimes captives » d’hommes violents ou des « aliénées » inintelligentes puisque croyantes (Helly, 2010). Selon cette conception, elles ne pourraient donc pas être croyantes et lucides. Ainsi, l’État doit les protéger des hommes et des religieux (Helly, 2010). L’islam serait une culture archaïque, où la soumission des femmes est récurrente et la violence autoritaire des hommes, généralisée (Leroux, 2013, p.24). Des clichés tels que le péril islamiste, la soumission des femmes musulmanes et la décadence des États islamiques seraient utilisés des discours ou décisions politiques (Labelle, 2010, p.35). Ainsi, dans une démarche de reconnaissance des privilèges et du positionnement, il m’apparait nécessaire d’identifier, nommer et critiquer les structures politiques, sociales et juridiques discriminants envers ces personnes. Toutefois, cette dénonciation des discriminations et des relations de pouvoir pouvant se constituer entre les individus va de pair avec une reconnaissance et une valorisation de leur individualité et leur agentivité.
Conclusion
Dans cet article, je me suis, dans un premier temps, interrogée quant à la question du positionnement et de la reconnaissance des privilèges. Il s’agit là, selon moi, des premières étapes d’une réflexion sur la légitimité du chercheur.e à aborder un sujet qui lui est étranger, c’est-à-dire pour lequel il ne peut mobiliser sa propre expérience vécue, soit un point de vue situé. Pour ma part, cette réflexion s’est avérée non seulement éclairante, mais également nécessaire puisque ne pas me questionner serait, à mon avis, l’expression tangible de mes privilèges que je tente de reconnaître et de positionner. En effet, ces privilèges me permettent, notamment, de ne pas vivre, conceptualiser et percevoir ces discriminations. De plus, la réflexivité, dont je dois faire preuve, doit être présente tout au long du processus de recherche puisque mon positionnement est dynamique, c’est-à-dire qu’il est susceptible d’évoluer. En plus de cette reconnaissance, il s’avère nécessaire de ne pas m’approprier des discours et des cultures. L’une des solutions envisageables est la co-production du savoir avec des personnes correspondant aux critères de participation et à l’objet de recherche. Toutefois, dans le cadre de mon mémoire, cela n’a pas pu se concrétiser en raison de la volonté d’anonymat des participant.e.s. Néanmoins, cette volonté de ne pas m’approprier des discours se traduit par l’utilisation d’une méthodologie qualitative, basée sur des entretiens semi-dirigés avec les personnes directement concernées par mon objet de recherche.
De plus, j’ai mentionné l’importance des études féministes et queer dans ces réflexions et leur incidence sur les questionnements liés à mon positionnement et à la reconnaissance de mes privilèges. Grâce à des auteures telles que Arlene Sgoutas, Linda Alcoff et Sara Ahmed, il s’avère en effet possible de pousser ces réflexions et de s’en inspirer afin de construire une démarche éthique et méthodologique reconnaissante des positionnements et privilèges. En raison de leur positionnement critique et de leur propension à l’inclusion et à la lutte sociale, ces auteures féministes s’avèrent particulièrement pertinentes afin de comprendre la nécessité de parler, rendre visible et militer pour des personnes qui, trop souvent, sont laissées pour compte, ostracisées et mises sous silence. Comme le souligne Sara Ahmed dans sa « boîte à outils » féministe : « it is often books that name the problem that help us handle the problem » (Ahmed, 2017, p.240).
Finalement, en début d’article, j’ai posé une question qui m’accompagne depuis le début de ma maitrise : est-ce que l’homoethnicité dans la recherche est nécessaire ? Cette question a évolué avec le temps pour s’articuler aujourd’hui bien au-delà de l’homoethnicité et des caractéristiques identitaires liées au genre et à l’orientation sexuelle. En effet, il me semble que les identités plurielles et singulières des individus engendreront des différences inévitables entre le ou la chercheur.e et les participant.e.s à sa recherche. Le positionnement de chercheur.e engendre des privilèges et des relations de pouvoir liés, notamment, à une prise de parole inégale et hiérarchique. Ces relations de pouvoir sont les conséquences, notamment, de conditions sociales structurelles et institutionnelles qui restreignent les possibilités pour les personnes concernées de relater directement leur vécu (Traoré, 2015). Ainsi, bien qu’une similitude apparente émerge des identités respectives, plusieurs différences liées aux parcours de vie et à la mobilité des identités peuvent engendrer des disparités qui s’avèrent nécessaires à identifier et à questionner, dans une perspective de reconnaissance des privilèges et de positionnement. En effet, comme l’indique Diahara Traoré, « les différences entre femmes [sont] empreintes d’autant de complexité qu’en comporte toute expérience humaine » (Traoré, 2015, p.31). Ainsi, cette démarche serait-elle nécessaire nonobstant l’homoethnicité dans la recherche ? Tout porte à y croire.
Note biographique
Candidate à la maîtrise en communication internationale et interculturelle, Mylène de Repentigny-Corbeil est détentrice d’un baccalauréat en relations internationales et droit international. Son projet de mémoire porte sur les discriminations perçues et vécues par les Marocain.e.s membre de la communauté LGBTQ+ à Montréal. Chercheure en résidence à la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques, membre étudiante du Réseau québécois en études féministes (RéQEF) et du Groupe d’études et de recherches axées sur la communication internationale et interculturelle (GERACII), elle oriente principalement ses recherches sur l’immigration maghrébine au Canada dans une perspective de genre (femmes et communauté LGBTQ+) et sur les questions relatives à la sexualité dans le monde arabo-musulman. Durant les dernières années, elle a eu la chance de donner plusieurs conférences sur divers sujets – culture du viol, cyberviolence, genre et migrations, murs frontaliers – en plus de participer à la rédaction de l’ouvrage « L’effet 11 septembre : 15 ans après » (Septentrion, 2016).
Bibliographie
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Notes
[1] La Charte des droits et libertés de la personne du Québec définit les diverses formes de discrimination de la manière suivante : les discrimination directes, soit « lorsqu’une personne est soumise à un traitement différent reposant sur un motif de discrimination prohibé, et ce, de façon ouverte et avouée » (Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, 2011, p.13), les discriminations indirectes qui « [renvoient] à l’application d’une règle, d’une politique ou d’une pratique, en apparence neutre, qui a des effets préjudiciables sur les membres [de] groupes » (Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, 2011, p.14) et les discriminations systémiques qui englobent ces deux derniers types, tout en allant plus loin, puisqu’elles « reposent sur l’interaction dynamique entre des décisions et des attitudes teintées de préjugés, ainsi que sur des modèles organisationnels et des pratiques institutionnelles qui ont des effets préjudiciables, voulus ou non, sur les groupes protégés par la Charte » (Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, 2011, p.13).
Pour citer cet artice
De Repentigny-Corbeil, Mylène (2018) « Être chercheure féministe blanche en communication interculturelle : positionnement, enjeux éthiques et démarche épistémologique », dans Cahiers du GERACII [En ligne], Vol.3, No.1. Article mis en ligne le 20 décembre 2018. URL : https://geracii.uqam.ca/cahiers-du-geracii/volume-3-no1/derepentigny-corbeil/